Fukushima : vers la création d’un niveau 8 INES ?
Une échelle INES inadaptée au contexte de Fukushima
Scott Portzline enquête de manière indépendante sur les accidents nucléaires ; il a débuté son travail de renseignement et de documentation à la suite de l’accident de TMI, en 1979. Scott maintient un site d’information sur les dangers du nucléaire et particulièrement sur le suivi de la catastrophe nucléaire américaine ; il s’intéresse ici à la réforme éventuelle de l’échelle INES à la lumière de la catastrophe de Fukushima-Daiichi
Un accident impliquant plusieurs réacteurs et plusieurs piscines
Type : Accident majeur
INES : 7
Incidence hors site : Rejet majeur : effet étendu sur la santé et l'environnement
L’échelle INES actuelle indique dans son niveau maximum : « Rejet majeur dans l’environnement » or l’accident de Fukushima-Daiichi a impliqué plusieurs sources identifiées de rejets majeurs à des chronologies différentes ; il semblerait donc logique que l’accident multiple Japonais soit répertorié comme 3 accidents de niveau 7 (trois rejets majeurs) ou encore d’étendre la portée de l’échelle INES sur sa partie supérieure.
Une échelle actuelle inadaptée à la démultiplication des risques nucléaires
Étant donné le regroupement et la concentration – dangereuse – des unités sur les sites de production, il est de plus en plus probable que si un accident majeur se produit, il sera démultiplié de réacteur à réacteur si des conditions externes affectent simultanément les différentes unités ainsi regroupées.
L’exemple d’un événement naturel majeur comme un tsunami est maintenant parfaitement identifié ; on peut également évoquer des conditions météorologiques extrêmes comme la Loire qui a gelé en 1987 à Saint-Laurent des Eaux ou encore des crues importantes et prolongées comme lors de l’été 2011, quand 2 centrales nucléaires du centre des États-Unis sont restées en situation acrobatique durant plusieurs semaines, encerclées et parfois submergées par les eaux grondantes du fleuve Missouri.
Ce genre de situation ne peut – s’il débouche sur un accident majeur – (1) qu’induire des accidents multiples, les mêmes causes produisant les mêmes effets sur des réacteurs proches les uns des autres.
C’est le danger latent du regroupement ou même de la simple multiplication des unités de production.
Une autre situation accidentelle pourrait se présenter en cas de montée importante et rapide du niveau des eaux maritimes suite à des phénomènes de réchauffement climatique – ultra-documentés à notre époque. La hausse des niveaux des océans est pour l’instant régulière mais rien ne dit que la pente du phénomène restera constante (2).
Le niveau 8 INES : termes-sources multiples et / ou assistance ou répercussions internationales
Même si les comparaisons entre les accidents de Fukushima et de Tchernobyl ne font que commencer, une barrière semble pouvoir être placée au niveau de la quantité de réacteurs affectés par l’accident, ne serait-ce que parce qu’il il est infiniment plus délicat d’intervenir sur un site multiple dont l’un au moins des réacteurs est sérieusement endommagé.
Si l’accident majeur implique plusieurs réacteurs, faire une simple moyenne arithmétique des termes -sources habituellement utilisés dans les situations accidentelles (3) ne suffit pas, il faudrait tenir compte de l’ensemble des inventaires y compris ceux des radioéléments dits peu radio-toxiques dont l’énorme quantité en inventaire compense largement la faible activité radiologique (4).
En ce qui concerne l’implication internationale, si d’autres pays sont directement menacés par les retombées de la catastrophe, ces derniers devraient pouvoir obtenir systématiquement un droit de regard et d’intervention, une procédure appliquée tardivement – contexte de fin de guerre froide oblige – en Ukraine après 1989 et complétement inexistante en ce qui concerne l’accident Japonais de 2011.
Si la radioactivité dépasse les frontières – et c’est quasiment toujours le cas à des échelles diverses en cas d’accident majeur – alors le niveau 8 devrait imposer une véritable offre d’assistance et de contrôle internationale et non un ou deux autobus de yes-men du village nucléaire ayant effectué en 17 mois deux visites de quelques jours au Japon.
Pour éviter toute polémique, l’assistance et le contrôle de la situation post-accidentelle devrait être non seulement internationale mais également partiellement indépendante.
(1) Fort Calhoun a été classé au niveau 4 et Saint-Laurent au niveau 2 (?) malgré son enchainement accidentel dramatique (perte de source d’eau froide et de source électrique secondaire) et la récupération accidentelle plus qu’hasardeuse (l’armée ayant dû faire sauter la glace à coups d’explosifs !)
(2) Les deux sources d’inquiétude maritime sont : le phénomène de fonte accélérée des glaciers continentaux antarctiques qui pourrait déboucher sur un élèvement du niveau global des océans de plusieurs dizaines de mètres et la projection d’un corps terrestre ou extra-terrestre (météorite) dans les océans débouchant ainsi sur un tsunami lié ou non à la sismicité terrestre
(3) Généralement au nombre de 3 ou 4 : I-131, Cs-134 et 137 et parfois Sr-90
(4) cf. L’excellente analyse de l’AIPRI sur des gaz rares pas si inoffensifs que cela…
Sources :
Interview audio de Scott Portzline, Coast to Coast AM Radio, 11/8/12, anglais
Nuclear Incident Sclae & curious steel frame, Coast to Coast Radio images, 11/8/12
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