lundi 28 novembre 2011

Peut-on trouver le bonheur ...

parmi les humains ?


Il y a plusieurs mois de cela, votre araignée marrante (c'est à dire moi, bien évidemment) a fait la connaissance d'une militante. Elle m'a invitée chez elle, me disant que j'y rencontrerais des gens intéressants, militants eux aussi, chacun dans son domaine ou ses domaines de prédilection. Un matin, elle m’appelle pour m'inviter, me disant qu'on passerait la journée tous ensemble (on serait une vingtaine), qui à travailler sur le terrain qu'il faut défricher, planter, et une bâtisse à reconstituer, qui à préparer le repas, et que pour le reste, je verrai par moi-même et que je ne le regretterai pas.

Et moi qui aime bien rester tranquillement sur ma toile, sans me mêler aux autres, je lui dis que oui, pour aider, mais que je ne vois pas d'intérêt à rester après le travail. Elle me répond que j'y trouverais le bonheur.

Ca ne me disait rien de risquer de subir des pressions pour rester l'après-midi à discuter comme aiment faire les bobos (les bourgeois-bohème). Si on prépare une action, oui, tout à fait on s’assoit et on discute. Mais si c'est discuter avec le petit doigt relevé, non pas pour moi. Je n'y suis donc pas allée du tout. Les a-prioris et moi, on fait bon ménage, surtout si c'est pour éviter d'affronter "la foule".





Quelques mois plus tard, elle m'invite à nouveau. Là ils ne seront pas nombreux. Du coup j'ai osé y aller. Nous étions juste 4 en me comptant. J’appréhendais un peu, mais j'y suis allée, car il fallait que j'aille dans un mouvement d'ouverture pour moi et pas de fermeture.

Dès que je suis entrée sur son terrain, j'ai senti quelque chose de nouveau. Un cadre très agréable, simple. Aucune pression : la liberté de ne rien faire, la liberté de travailler, la liberté de parler, la liberté de me taire, la liberté de siffler, la liberté de chanter, la liberté de prendre des photos. J'ai d'ailleurs commencé par ça tellement il y avait des copines à 8 pattes, et de petites choses insolites que je ne peux pas vous montrer car ça reste tout de même du domaine privé, de son histoire. Puis j'ai donné un coup de main en fonction de ce que je pouvais faire. On a respecté mes limites. J'ai apprécié. Pour la cuisine, pas de problème, avec mes 8 pattes, je peux faire l'épluche facilement, la découpe. Je ne me risque pas trop à préparer la cuisson, sauf à la surveiller.

Et je suis restée aussi le soir. Comment partir d'un tel lieu accueillant, calme, où on est dans le vrai partage, la solidarité, le respect, enfin toutes les valeurs qu'on recherche lorsqu'on est sain d'esprit ?





Une autre fois, elle m'a invitée pour préparer des confitures. Nous sommes d'abord allés glaner des pommes sur un terrain privé. Le droit de glanage est toujours d'actualité, ne l'oubliez pas. Nos pommiers étaient dans un verger laissé à l'abandon. Puis tranquillement, les hommes sont allés réparer ce qu'il y avait à réparer, et nous on est restées pour préparer les confitures et gelées. Avec bien sûr le repas fraternel.





Une autre fois, j'y suis allée pour que les tomates qui n'avaient pas pu murir ne soient pas perdues. Donc confiture de tomate.

Chez cette amie, je découvre des goûts inconnus. Moi ma cuisine est vite faite, bonne oui, j'espère, mais simple. Là, ce sont des recherches pour agrémenter les préparations, et essayer, tester. C'est toujours très bon, très réussi. Nous repartons souvent avec une conserve, soit de confiture, soit de gelée, soit de figues confites, soit d'autres préparations, et nous goûtons les différents vins aux parfums multiples que nous offre généreusement notre hôtesse.





Et ce dimanche, elle m'a invitée pour planter des arbres. Nous serions une bonne quinzaine. J'ai vraiment appréhendé car jamais il n'y a autant de monde. Maximum 4 ou 5. Le plat principal sera amené par une personne, le fromage aussi, le gâteau aussi, il restait les hors-d’œuvre. J'ai donc pris les hors-d’œuvre.

Je suis arrivée, il y avait une personne mal réveillée qui lavait son bol. On fait connaissance. Car il faut dire aussi qu'ici on peut dormir si on désire arriver la veille, ou partir le lendemain. Puis je vois cette amie avec un copain que j'avais rencontré la 1ère fois. Contente de se revoir. Ils sont à réparer quelque chose dans l'autre salle. Je m'installe donc pour préparer tous mes légumes pour les hors-d’œuvre. Plein de petits plats qu'on mettrait sur la table et chacun se servirait comme il veut.

Je suis contente de toutes les couleurs que cela va donner. Les couleurs des différents légumes et des différents contenants, ça va faire une symphonie de couleurs. J'y tiens. Et me voilà à éplucher et à râper. Je me suis installée dehors, malgré le froid. La campagne est si jolie chez elle ! L'hiver semble là, et la nature est comme une nature transie par le froid, mais chez elle, cela reste beau. Une grande paix se dégage de ce lieu.

J'assiste ainsi à l'arrivée de tous les convives et travailleurs.

Pendant le repas, une dame dit qu'elle a été invitée par un copain et elle se demandait si elle saurait s'intégrer, si elle allait se plaire. Je la regarde, sachant déjà ce qu'elle va dire, tellement ce lieu transpire de cette paix. Et elle nous propose de nous initier à la marche consciente après le repas, avant d'aller planter les arbres. Soit.

Et je réalise alors combien nous sommes tous différents. D'origine, de pensée philosophique, politique, d'âge aussi puisqu'il y avait quelques enfants. Et 1 chat celui de la maison, et 2 chiens qui ont beaucoup apprécié de se trouver sous la table, surtout à certains moments du menu.

Au début du repas, un invité nous propose de dire le bénédicité. Soit. Cela ne gêne personne alors qu'il y a des athées avérés à table.

Puis nous mangeons. Nous sommes 18 exactement. Donc 3 de plus que prévu. Je trouvais qu'il n'y avait pas beaucoup de légumes râpés, même s'il y avait pas mal de choix (tout était bio pour faire honneur à ce lieu) : salade, carottes, betterave rouge, choux rouge, céleri-rave, radis-noir. Le tout agrémenté avec de l'oignon blanc, grains de raisin, pomme, graines germées de luzerne, ail, zest de citron, persil. Et la sauce huile d'olive, tamari, citron, poivre. Chacun pouvant choisir comme il aime. Eh bien on aurait dit que plus on mangeait, et plus il y en avait. La multiplication des légumes. Je n'en revenais pas. On s'est resservis 2 fois ! Je vous assure qu'il n'y en avait pas pour 36 personnes !

Une des dames a apporté UN cake au jambon et olive. Un délice. On l'a mangé juste après le hors-d'oeuvre. On a fait avec 2 tours de table. La multiplication du cake.

Puis est arrivé de la graine de couscous avec du raisin de Corinthe, et du riz pour ceux qui voulaient. Une dame avait préparé du colombo. Pour moi qui ai choisi la graine de couscous, j'ai trouvé ce couscous comme étant le meilleur que j'aie jamais dégusté. Un goût de coriandre prononcé très agréable. En fait, s'il y a de la coriandre dans la poudre de colombo, cette dame n'en avait pas rajouté. Nous récupérerons la recette une autre fois, elle doit l'envoyer à notre amie. Pour que ça soit moins fade car elle trouvait que c'était fade, elle a rajouté quelques épices, mais rien de spécial. Ces épices, je m'en sers aussi dans ma cuisine, et jamais je n'ai eu ce résultat. Et là aussi, il y en a eu pour 2 tours de plat. La multiplication du colombo s'est fait aussi ; et celui du riz, et de la graine de couscous.

Ensuite sont arrivés 3 gâteaux aux pommes. Là il n'y a pas eu de multiplication des gâteaux. Nous avons eu une part chacun, certains en ont repris, mais avec 3 gâteaux, c'était possible.

Puis le fromage, et là aussi, tout était normal. Puis le café et pas de multiplication non plus.

Ce repas a été un délice. Tout le monde a apprécié simplement et sincèrement. On a applaudi chaque cuisinier. Et c'était bien mérité. Tout l'amour qui a été mis pour préparer le repas était présent dans chaque bouchée.

La fin du repas est là. Des invités racontent des histoires. Tout le monde écoute et apprécie. Les enfants racontent eux aussi. Respect de la part des adultes, et nous apprécions également. Un prend la guitare. On l'écoute et apprécie. Moi je me sens attirée vers mon harmonica que je prend lorsque je vais à la campagne, mais jamais je n'aurais joué devant du public. Depuis que j'ai un harmonica, très peu m'ont entendu en jouer. J'ai un chant qui me trotte dans la tête, mais je sais bien que sur l'harmonica, alors que je n'ai jamais joué cet air, cela va m'être très difficile car c'est en plus, un chant entraînant et il va falloir ne pas chercher les notes !

Tranquillement, le charme des lieux fait son office. Je vais chercher mon harmonica, au fond de la pièce, et me retrouve donc tournant le dos à tout le monde. Et je joue doucement. Mais le calme s'est fait et les notes montent. Je ne cherche pratiquement pas les notes. Ca vient tout seul. A un moment, je sais que je joue pour tout le monde car derrière moi on chante les paroles. J'ai osé jouer de l'harmonica devant du public, et ce public apprécie. On réclame un autre chant, mais je n'ai pas d'autre air en tête, donc je dis qu'il faut en garder pour la prochaine fois.

Toute cette journée a été enchanteresse. A un moment, l'amie qui a acheté ce lieu nous raconte comment elle est devenue la propriétaire. Nous ouvrons bien grand nos yeux, pour ceux qui ne savaient pas l'histoire, car c'est également un miracle, ou plutôt 2 miracles qui se sont produits pour qu'elle ait cette propriété. Elle, qui ne croit pas en Dieu, elle a bénéficié de 2 miracles. Cela signifie que cette maison et le terrain et les annexes, elle DEVAIT en être propriétaire. Et elle a fait de ce lieu un lieu paradisiaque.

Pour vous dire à quel point nous étions tous en harmonie malgré nos différences, c'est que le sourire a été présent toute la journée. L'entraide aussi. Nous étions 18, dehors il bruinait donc les chaussures étaient un peu sales. Le parterre était balayé par l'un ou l'autre, pour qu'il reste propre. Pareil pour l'évier. Toujours propre. Sans contrainte ! La salle où on a mangé, a été débarrassée. J'ai nettoyé les tables, balayé le sol. Pendant ce temps, la vaisselle était en route. En temps normal je veille a ne pas trop en faire car je sais qu'il y a toujours des personnes qui profitent et ne font rien par fainéantise. Mais là, ce n'était pas le cas. Même celui qui ne faisait rien, ou semblait ne rien faire, il faisait, juste par sa présence bienveillante et sincère. Et toujours, l'aide était proposée.





Je peux vous dire que chaque fois qu'elle m'appellera pour venir aider, j'annule tout ce qui est indiqué le même jour sur mon agenda et j'y vais.

Tenez, je vous montre ce paradis. Il se reflète au fond de cette bassine en cuivre pour faire les confitures. Cette bassine a été oubliée dehors. Les couleurs sont magnifiques. Admirez. Vous ne trouvez pas que c'est beau ?



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