samedi 3 avril 2010

L'art du combat

... avec son ombre
de Grégorio Manzur

nouvellescles.com

Gregorio Manzur nous révèle ici les fondements philosophiques et les techniques secrètes du tai-chi et du qigong, ces deux "arts du combat avec son ombre" pratiqués depuis des millénaires par les Chinois et dont l’Occident commence à peine à découvrir les richesses.

Extrait :

La naissance du tai-chi remonte à l’époque où Chang San-Feng, un moine taoïste qui vécut au XIVe siècle, cheminait sur les montagnes du Wudang. Au lever du soleil, il fut surpris par le combat entre un oiseau et un serpent. La légende veut que l’oiseau observait le serpent lové par terre, alors qu’il tournoyait au-dessus de lui. Le serpent le voyait s’approcher et s’éloigner, de plus en plus menaçant.

Brusquement, l’oiseau poussa un cri perçant et, agitant ses ailes comme un éventail, fonça sur le serpent. Celui-ci secouait sa tête, la lançait de tous côtés, évitant les serres et les coups de bec de son attaquant. Se glissant en spirale, gardant toujours sa forme enroulée, il bondit soudain comme un éclair et le tua.

Chang San-Feng, saisissant en même temps l’importance de l’alternance entre le yin et le yang, se dit alors que la rondeur et la souplesse l’emportaient sur la rigidité. Après la bataille, il s’aperçut que l’oiseau et le serpent avaient tracé sur place un cercle. Le combat et ce cercle étant devenus le sujet de ses méditations, il conçut l’art du combat du tai-chi chuan.

(...)

Il s’agit donc d’un art martial composé de cent huit mouvements enchaînés. À la fois gymnastique de santé, art martial, art de vivre et chemin spirituel, le tai-chi est appelé l’« art du combat du Faîte suprême » car il symbolise la poutre faîtière qui soutient toute la maison. Associé au Tao, il est celui qui sans agir (wu wei) crée et soutient le monde.

Le moyen principal pour avancer en tai-chi consiste à affiner et sublimer son énergie vitale, le chi, afin d’ouvrir la conscience à une dimension supérieure. Cela peut se faire de façon dynamique, par l’enchaînement des mouvements, ou de façon statique, par la méditation assise, le dhyâna.


Exemples d’exercices de base

« L’aigle déploie ses ailes »

Se tenir debout, les mains le long du corps. Penser aux deux talons et attendre que le chi arrive jusqu’au bout des doigts. La conscience monte alors vers le ciel et les mains se lèvent horizontalement derrière elle. Ne pas lâcher l’écoute du chi jusqu’à ce que les mains arrivent à hauteur des yeux. La conscience descend alors vers la profondeur de la terre, et les mains la suivent, reprenant ainsi leur position initiale le long du corps. Elles se relaxent, puis on pense de nouveau aux talons faisant monter le chi, etc.

« Les mains jointes percent le ciel »

Se tenir debout, la conscience monte vers le ciel, les mains la suivent jusqu’à se réunir face aux yeux. Ainsi unies, elles montent vers le ciel, telle une flèche qui perce les profondeurs de l’espace. En même temps, le coccyx descend, produisant un étirement de la colonne vertébrale. Maintenir quelques instants cette élongation, suivie d’une relaxation de toutes les vertèbres, puis laisser descendre les mains. Recommencer de façon identique.

« Le grand cercle »

Laisser les mains monter toutes seules devant soi (soutenues par le chi), les pointes des doigts légèrement soulevées. Arrivées à la hauteur des yeux, les appuyer l’une contre l’autre au niveau des poignets (pour les femmes la main droite en dessous ; pour les hommes la gauche). Les mains se soulèvent alors et s’écartant décrivent un très grand cercle, pour descendre après en rond et reprendre la position initiale.

« L’homme ou la femme ivre »


Ce mouvement propose d’adopter l’attitude d’une personne ivre, dont le corps tout entier s’abandonne. Le laisser alors bouger à sa guise, se déplacer, sauter, tourner, gardant les yeux toujours ouverts afin d’éviter des chutes possibles. La voix et le cri peuvent aussi être libérés. L’écoute du chi est indispensable, sinon la pratique n’aura pas la moindre portée. L’instructeur suivra attentivement cette pratique afin d’éviter tout débordement intempestif.

« Les chi du ciel et de la terre nourrissent le ventre »

Cela évoque la phrase de Laozi : « Vider le coeur et remplir le ventre. » Les mains se lèvent en cercle sur les côtés, très haut vers le ciel les paumes grandes ouvertes. Elles y restent quelques instants, attendant que le yang du ciel les remplisse. Alors elles descendent devant soi et versent cette énergie céleste sous le nombril, dans le dantian inférieur, où elles vont s’appuyer l’une sur l’autre. Les mains se tournent vers la terre. Là, elles attendent que le chi de la terre les remplisse. Alors elles reviennent au dantian inférieur et versent cette énergie yin.

réf : L’art du combat avec son ombre - Gregorio Manzur - éditions Albin Michel


Ouah ! qu'est-ce que c'est fort ! Rien que de lire cet article, mes énergies tourbillonnent !

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