libeorleans.fr
POÉSIE. (Mis à jour à 12h30) Un gendarme en poste dans la région centre a été «suspendu pour une durée non précisée» cette semaine pour avoir écrit un poème en soutien à son collègue Jean-Hugues Matelly. Ce dernier avait été radié sur décision du chef de l'état pour avoir critiqué le rapprochement police-gendarmerie au sein du ministère de l'Intérieur.
L'adjudant A. a écrit fin mars un poème titré «Il pleut sous nos képis» publié par l'Association de défense des droits des militaires (Adefdromil) qui revendique 1.500 adhérents et plaide pour plus de liberté d'expression des militaires.
Le gendarme y défend avec vigueur Jean-Hugues Matelly et raille le chef de l'Etat. L’un des passages de ce poème fait rimer «Je sens bien (les) larmes chaudes sous mon képi» avec «comme si sur moi Sarkozy faisait pipi».
Selon l'Adefdromil, l'auteur a été identifié et une procédure disciplinaire a été engagée à son encontre.
La direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN) a indiqué qu'une enquête «de commandement» a été diligentée contre ce «militaire auteur» d'un «écrit outrageant». Un «dossier disciplinaire est en cours d'instruction» à son encontre et il fait l'objet d'une «suspension administrative», a-t-elle confirmé.
Libération reproduit, ici, le texte incriminé dans son intégralité :
«IL PLEUT SOUS NOS KÉPIS !
Il faisait beau alors, le jour où j’ai signé!
Je me souviens comme j’étais fier de m’engager,
D’être formé à ce métier par mes aînés…
Du bon droit je voulais être le soldat,
Dans le respect des traditions et des hommes.
Du citoyen, à tout faire je serai l’homme!
De ma personne alors, j’ai donné sans compter.
Ma famille dans cette voie s’est trouvée liée.
Mes devoirs étaient les siens sans qu’elle ait signé…
Nos Gradés, nos Officiers étaient nos modèles.
Ils savaient nous motiver et nous ordonner.
Alors nous étions soudés, unis et fidèles…
Nous savions des sacrifices la juste raison,
Et étions tous reconnus “Servants de la Nation !”
De la France, la plus noble et vieille Institution.
Un nouveau Roy fût nommé, et tout a changé.
Diviser pour mieux régner, tel était son but !
Il y parvint bien, précipitant la chute !
Pour ce faire, il choisit bien parmi les nôtres,
Ceux d’entre eux les plus vénaux, les moins fidèles,
Leur fit tant miroiter, qu’il furent ses “apôtres”.
Ces vendus et parjures aujourd’hui, ont ourdi
D’enterrer sans coup férir notre belle histoire…
De nous taire ils nous ordonnent, arguant: “Tout est dit !”
L’un des nôtres osa parler sans démériter,
se faisant ainsi le râle de notre douleur…
Il fût vite éliminé par ces fossoyeurs !
Aujourd’hui, Sainte Geneviève saigne et pleure,
Je sens bien ses larmes chaudes sous mon képi,
Comme si sur moi SARKOZY faisait son pipi…
Soldats nous sommes, et c’est debout que nous mourrons.
Et à l’instar de CAMBRONNE, “MERDE” nous dirons.
Nous briserons nos armes, mais nous taire “Pas question !”
Nous ne sommes que des hommes, soldats mais citoyens,
Et nos voix dans l’urne pèsent bien pour un scrutin…
Qu’on les entende ensuite, d’étonnant n’a rien.
Nous taire il ne faut point, surtout si c’est la fin !
Au pays des Droits de l’Homme, on dénie les miens.
Fidèle, loyal je suis, muet je ne suis point.
Même si tout est fini, que prévue est la fin,
Nous n’irons au sépulcre qu’après avoir tout dit.
Geneviève, Chère Patronne, Il pleut sous nos képis !
Adjudant A.
Dédié au Chef d’Escadron Jean-Hugues MATELLY»
Le chef d'escadron (commandant) Jean-Hugues Matelly, 44 ans, s'était exprimé publiquement en tant que chercheur du CNRS, fin 2008, pour critiquer le rapprochement police-gendarmerie au sein du ministère de l'Intérieur, effectif depuis le 1er janvier 2009.
Il a été radié des cadres le 25 mars par un décret du président de la République pour «manquement grave» à son obligation de réserve à laquelle sont strictement astreints les militaires.
Les gendarmes sont de statut militaire et ne peuvent se syndiquer contrairement aux policiers relevant du civil.
L'Adefdromil ajoute, sur son site internet, qu'une vidéo en soutien à Jean-Hugues Matelly ayant circulé sur Youtube - dont elle publie les dialogues - serait également dans le collimateur de la hiérarchie de la gendarmerie.
Il s'agit d'un pastiche du film «La Chute» qui raconte les derniers jours d'Adolf Hitler. Pour la DDGN, il «n'est pas établi» que ce soit l'oeuvre d'un gendarme.
Mourad Guichard (avec AFP / photo: Reuters)
Note : l'heure de ma publication est modifiée pour que ce post suive l'ordre chronologique de publication sur ce blog.
dimanche 4 avril 2010
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire