J'hésitais à poster ce message, mais il est trop beau. Merci à toi, que je ne connais pas, pour ton courage et ta détermination. Si nous pouvions tous avoir ta force ! Car c'est une force d'amour que tu as, pas une force de haine !
Il date du début juillet, j'ai attendu peut-être un peu trop, mais l'histoire des taureaux fait que cette lettre revient à la surface.
Retour sur le week-end de resistance au Chefresne
Laisser place à la fragilité ou tout détruire.
Je me suis fait tirée dessus par un flic.
J’ai 15 impacts de métal dans le corps et ils y resteront ; la jambe, l’os du genoux, le vagin, le sein, le bras. Le nerf de mon bras droit a été sectionné, on a du opérer. Dans un an peut être je retrouverai ses capacités.
J’ai 15 impacts de métal dans le corps et ils y resteront ; la jambe, l’os du genoux, le vagin, le sein, le bras. Le nerf de mon bras droit a été sectionné, on a du opérer. Dans un an peut être je retrouverai ses capacités.
J’écris pour qu’”on” ne puisse pas dire qu’”on” ne savait pas. Qui veut savoir sait.
J’écris pour qu’on arrête de nous censurer, frapper, enfermer, tuer derrière une soit disant démocratie et un soit disant état de droit.
J’écris parce que je n’en peux plus qu’on renvoie les violences aux pays lointains et pauvres en se décharge lâchement des questions révolutionnaires qui se posent en Tunisie, en Lybie, en Égypte, en Syrie … disant qu’en France c’est pas la même, qu’en France c’est différent, et même pire…
Écrire parce qu’à 20 ans j’ai subie, vu et entendu trop de violences policières derrière des vitrines de mensonges et de propagande marchande.
Écrire parce qu’il m’est insupportable de sentir cette boule d’angoisse dans mon ventre quand je croise un flic, et ce brouillard de solitude et d’impuissance face au système policier.
Écrire faute hurler que ça ne peut plus durer, et de prendre acte.
Écrire parce que la liberté dans la civilisation occidentale est un mensonges meurtrier.
Écrire parce qu’il y a trop de silences et de mensonges sur la répression, sur nos luttes, sur les dangers du nucléaire, entre autre, sur la violence du système.
J’écris pour qu’on arrête de nous censurer, frapper, enfermer, tuer derrière une soit disant démocratie et un soit disant état de droit.
J’écris parce que je n’en peux plus qu’on renvoie les violences aux pays lointains et pauvres en se décharge lâchement des questions révolutionnaires qui se posent en Tunisie, en Lybie, en Égypte, en Syrie … disant qu’en France c’est pas la même, qu’en France c’est différent, et même pire…
Écrire parce qu’à 20 ans j’ai subie, vu et entendu trop de violences policières derrière des vitrines de mensonges et de propagande marchande.
Écrire parce qu’il m’est insupportable de sentir cette boule d’angoisse dans mon ventre quand je croise un flic, et ce brouillard de solitude et d’impuissance face au système policier.
Écrire faute hurler que ça ne peut plus durer, et de prendre acte.
Écrire parce que la liberté dans la civilisation occidentale est un mensonges meurtrier.
Écrire parce qu’il y a trop de silences et de mensonges sur la répression, sur nos luttes, sur les dangers du nucléaire, entre autre, sur la violence du système.
Cette fois-ci, ça s’est passé au
Chefresne, une commune qui résiste à l’implantation d’une ligne très
haute tension de 170 km de long (cette ligne participe à la
création d’un gigantesque réseau de circulation d’information
mondial, avec non seulement vente d’électricité mais aussi contrôle des
populations et automatisation de leurs échanges avec
l’administration centrale. Le courant électrique sera produit par
des éoliennes en mer du Nord, par des centrales nucléaires comme l’EPR
de Flamanville, mais aussi mécaniquement par les trois
réacteurs de Tricastin qui sont maintenant libérés de
l’alimentation électrique de l’usine Eurodif qui a fermée ; antitht.noblogs.org/255).
Mais je porte en mois bien des blessés, bien des morts, bien des non dits, pas qu’en France, pas qu’ailleurs.
Je porte en moi des prisons pleines et je sais les impunités à répétions pour les bourreaux légitimes.
Amin Bentounsi a été assasiné le 21 avril par balle, dans le dos, et suite à ça des policiers manifestent armés, en uniforme, revendiquant le droit de tuer en prevention.
Depuis leur mise en services le flash ball, les grenades assourdissantes et celles de desenclerment ont fait beaucoup de blessés, des œils perdus, des plaies, des handicaps, des morts ; personne n’a gagné devant la justice.
Je sais des villes de plus en plus sécuritaires, un arsenal juridique de plus en plus liberticide, le perfectionnement du contrôle de la population en meme temps que celui des frontières.
J’écris parce que j’en ai marre qu’on me demmande si “ça va”. À ceux à qui j’ai dit “oui”, la politesse ou l’habitude.
Bref.
Mais je porte en mois bien des blessés, bien des morts, bien des non dits, pas qu’en France, pas qu’ailleurs.
Je porte en moi des prisons pleines et je sais les impunités à répétions pour les bourreaux légitimes.
Amin Bentounsi a été assasiné le 21 avril par balle, dans le dos, et suite à ça des policiers manifestent armés, en uniforme, revendiquant le droit de tuer en prevention.
Depuis leur mise en services le flash ball, les grenades assourdissantes et celles de desenclerment ont fait beaucoup de blessés, des œils perdus, des plaies, des handicaps, des morts ; personne n’a gagné devant la justice.
Je sais des villes de plus en plus sécuritaires, un arsenal juridique de plus en plus liberticide, le perfectionnement du contrôle de la population en meme temps que celui des frontières.
J’écris parce que j’en ai marre qu’on me demmande si “ça va”. À ceux à qui j’ai dit “oui”, la politesse ou l’habitude.
Bref.
Nous nous sommes fait tirés dessus
sous des pylones THT qui pullulent dans la campagne, dans un désastre
mondial qui menace de péter à tout moment et dans lequel
on nous voudraient civilisé, passif. Nous, à force, dépossédés de
presque tout; de notre histoire, de son sens, du langage, de
l’information, de nos corps, de nos désirs, de notre temps, de nos
vies. Alors qu’on nous voudraient inoffensifs, craintifs, non
violents, je ne veux pas qu’on me parle comme à “la malade”, qu’on
m’infantilise, qu’on me plaigne. J’ai besoin qu’on prenne soin
des uns des autres, pour durer, j’ai besoin qu’on riposte aussi.
J’ai besoin, pour guérir, d’un système sans flics, sans pouvoir.
Oui, tenons compte des dégâts d’un fragment de guerre sociale explicite, de son lot de douleurs et de violence, mais n’abandonne pas, organisons nous. Ce qui ne tue pas rend plus fort parait-il, à condition de ne pas se mentir.
Oui, tenons compte des dégâts d’un fragment de guerre sociale explicite, de son lot de douleurs et de violence, mais n’abandonne pas, organisons nous. Ce qui ne tue pas rend plus fort parait-il, à condition de ne pas se mentir.
Vous voulez des détails ? Les
mass-médias sont venus dans ma chambre d’hôpital avant l’opération. Un
médecin généraliste, présent sur le camps, avait témoigné des
violences policières et de l’utilisation d’armes de guerre
(grenades de Dé-encerclement, grenade assourdissantes, gaz lacrymogène,
matraque…) laissant de nombreux blessés. Il avait été
formidable sur le camps mais là il arrivait géné ; les mouches à
merde du pouvoir, autrement dit les journalistes, voulaient filmer les
impacts de métal dans les corps pour diffuser le
témoignage. Pas d’image, pas de parole, c’était leur chantage. Ils
restèrent une heure dans la chambre, tentant de se défendre de la
bassesse de leur journaux (voir les revues de presse sur :
www.percysoustension.fr) et de leur démarche.
En voyant, sans surprise, ce qui en sort, un rectificatif s’impose.
En voyant, sans surprise, ce qui en sort, un rectificatif s’impose.
L’avancée des travaux de la ligne
rend plus qu’urgente et nécessaire une résistance concrète et de
terminée sur les infrastructures.
“Il est maintenant évident et nécessaire, vu ce que nous imposent les pylônes dressés sur nos terres, que beaucoup de personnes sentent l’envie en eux d’agir directement contre ce maillon faible de l’industrie nucléaire vu l’inacceptable répression des opposants, les droits fondamentaux des personnes bafoués, les humiliations qu’inflige RTE à la population.” (extrait de l’appel Tous au Chefresne, wk de resistance ; www.stop-tht.org/)
“Il est maintenant évident et nécessaire, vu ce que nous imposent les pylônes dressés sur nos terres, que beaucoup de personnes sentent l’envie en eux d’agir directement contre ce maillon faible de l’industrie nucléaire vu l’inacceptable répression des opposants, les droits fondamentaux des personnes bafoués, les humiliations qu’inflige RTE à la population.” (extrait de l’appel Tous au Chefresne, wk de resistance ; www.stop-tht.org/)
Ces lignes participent à la
dépossession de nos vies et s’imposent avec la même arrogance et le même
fascisme que l’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, le tgv entre
Lyon et Turin, la centrale à gaz au Finistère, les éco-quartiers
dans nos villes gentrifiées ou encore que les prisons à visages humains,
belle image de l’hypocrisie du merdier
actuel.
Alors d’où vient la violence ?
Alors d’où vient la violence ?
On le sait et on peut s’en indigner
après coups, mais il est important de le rappeller : les appels
publiques de rencontres ou d’action entrainent inévitablement
un énorme déploiement du dispositif policier : Occupation
policière et militaire du territoire, contrôle et fouilles de ceux qui y
passent, surveillance (hélicoptères, dispositif d’écoute),
renforts entrainés au terrain (dans le cas du Chefresne, la spig,
les garde mobile de Blain, entrainé sur la lutte de
Notre-Dame-des-Landes). ILs étaient plus de 500 armés sous les pressions
d’une préfecture traumatisée par Valognes (ou la perte de la
maitrise d’un territoire).
Leur volonté semble clair : casser le mouvement, faire mal, physiquement et moralement.
Leur volonté semble clair : casser le mouvement, faire mal, physiquement et moralement.
Alors que les mass-media
construisent méticuleusement la figure du dangereux radical qui veut en
finir (avec on ne sait quoi) et qui vient de loin pour ça (figure
menaçante et complètement dépolitisée), ils passent sous silence
les luttes et la répression croissante qu’elles subissent. Un territoire
qui résiste est souvent occupé militairement, comme on
le voit au Chefresne, à Notre-Dame-des-Landes ou encore au Val de
Suse ; Sur fond d’expropriation, d’expulsions se déroulent
quotidiennement les pressions psychologiques, financières,
judiciaires et policières. Derrière la soit disant liberté de
penser : l’interdiction d’agir. On nous tanne d’être non violent sous
une violence croissante.
Le 24 juin, une manifestation est
partie vers le château d’eau, lieu de rencontres et de résistances,
expulsé le mercredi 20 juin. Un autre cortège, dont je
faisait partie, est allé en direction des pylônes (deux debout et
un encore au sol). Il est difficile de dire s’il faut définitivement
abandonner toute action de masse annoncée, si c’était un
casse pipe d’aller à ce qui ne serait qu’affrontement anticipé par
des flics mieux équipés, de se dire que la peur l’envie d’annuler était
presente la veille et le matin et qu’elle était peut
être sagesse. Il semble important de questionner nos mode de prise
de descision dans des moments d’urgence et de “spectacle” comme
celui-ci. “La marche pour l’honneur” mentionné dans un retour
(lien ci dessus) laisse un triste arrière gout de ces armées de
déja-vaincus avançant vers leur perte. Être transversales,
imprévisibles, inattendus pour ne pas devoir devenir force militaire…
Un ami me dit après coup “cette fois encore on est pas passé loin
de la mort, un d’entre nous aurait pu y rester”.
Dans la campagne grise de gaz nous n’avions pas le rapport de force ou l’intelligence nécessaire pour ne pas se faire repousser assez rapidement et violemment vers le camp. On entendait des détonations, des cris et sur la dernière charge les regards que je croisais étaient effrayés ou souffrants. Les lignes de flics, en entendant “il y a des blessés, du calme” se sont mis a charger en gueulant et tirant. Après avoir eu l’impression de bruler, j’ai eu celle de perde mon bras, puis la peur qu’ils nous tirent dans le dos ou qu’ils arrêtent. Quelqu’un m’a saisit et m’a sortie de là.
À ceux qui disent que la guerre est finie, je leur dis qu’elle est latente, cachée, mais qu’on peut compter nos morts, pour ne pas les oublier. Un opposant est passé il y a quelque années sous un train castor qu’il a voulu bloquer en s’enchainant sur la voie.
D’autres y ont laissé leur tendons, brulé par la disque use des flics qui voulaient les enlever, d’autres … la liste est incomplète. Combien de morts par le nucléaire, de Hiroshima à Fukushima en passant par ceux qu’on cache chez nous, combien de tonnes de déchets qui s’entassent, combien d’irradiés, et combien de faux débats démocratiques ?
Dans la campagne grise de gaz nous n’avions pas le rapport de force ou l’intelligence nécessaire pour ne pas se faire repousser assez rapidement et violemment vers le camp. On entendait des détonations, des cris et sur la dernière charge les regards que je croisais étaient effrayés ou souffrants. Les lignes de flics, en entendant “il y a des blessés, du calme” se sont mis a charger en gueulant et tirant. Après avoir eu l’impression de bruler, j’ai eu celle de perde mon bras, puis la peur qu’ils nous tirent dans le dos ou qu’ils arrêtent. Quelqu’un m’a saisit et m’a sortie de là.
À ceux qui disent que la guerre est finie, je leur dis qu’elle est latente, cachée, mais qu’on peut compter nos morts, pour ne pas les oublier. Un opposant est passé il y a quelque années sous un train castor qu’il a voulu bloquer en s’enchainant sur la voie.
D’autres y ont laissé leur tendons, brulé par la disque use des flics qui voulaient les enlever, d’autres … la liste est incomplète. Combien de morts par le nucléaire, de Hiroshima à Fukushima en passant par ceux qu’on cache chez nous, combien de tonnes de déchets qui s’entassent, combien d’irradiés, et combien de faux débats démocratiques ?
Là, c’était une tente médic pleine
de blessés. Tristement mais efficacement les gestes et les réflexes se
mettent en place : soigner dans l’urgence, maitriser sa
douleur et accompagner celle des autres, évacuer malgré les
barrages de polices, éviter celui qui bloquaient l’accès à l’hopital de
st Lo, attendre deseperement les pompiers bloqués, subir la
réquisition d’un de leurs véhicules pour évacuer un policier
égratigné au détriment d’une fille risquant de perdre la vue…
En arrivant à l’hopital, je raconte
tous ça en montrant mon corps mutilé. On s’indigne, on s’énerve, on
déplore dans le service hospitalier pas familier des
violences policière de la France de 2012. Certains auraient voulu
aller à la manifestation mais travaillaient, certains m’ont dit en
levant le poing de continuer la lutte, d’autres n’en
revenait pas, quelqu’un m’a dit “nous avons fait la guerre en
Normandie, on sait ce que c’est”. J’ai au téléphone un responsable de
l’accessibilité des soins de l’hôpital de st Lo (par rapport
au barrage, deux fourgons et une lignes de garde mobile sur la
route-sur la voie d’accès au CHU). Je répète, je dis que les pompiers
n’arrivent pas à accéder au camp, il me répond qu’il fait ce
qu’il peut. Il ajoute surtout qu’il reçoit, depuis le matin, des
pressions de la préfecture pour avoir le nom et la nature des lésions
des blessés du Chefresne. Il m’assure que le secret
médical ne permet aucune fuite. Je lui dit de tenir face aux
pressions et je le remercie pour cela.
Je serai transférée et opérée. Je
vous passe les moments où, dans cette chambre, j’ai eu l’impression
d’être en taule ou que j’ai craint l’arrivée des flics, les
moments où l’étonnement des gens me donnait envie de leur dire
mais ouvre les yeux et informe toi, l’inquiétude pour ceux resté au
camps, l’envie de parler avec tous ceux qui ont vécu ce
moment, l’envie de dire que je n’en veux qu’aux flics, l’envie de
casser la télé ou d’occuper le plateau au moment des infos régionales…
Je sais juste qu’un moment me hante
; cette heure entière où, mon bras anesthésié dans la salle d’attente
du bloc opératoire, je n’ai pu m’empêcher et m’arrêter
de pleurer. Pas que mon bras, pas que ces éclats, pas que le
stress, mais la détresse de se savoir partie prenante d’une guerre
pacifiée et dont les raisons comme les conséquences ne resteront
connus que d’un petit nombre de camarades, noyées dans une
indifférence générale.
J’ai une grosse question dans la
gorge, que faire maintenant par rapport à cette violence policière. Je
sais que je n’ai rien à attendre de cette justice de
classe sinon une tribune ou une médiatisation du problème. Et
encore. Je la sais quotidienne cette violence. Je nous sais nombreux
enragés. Je nous sais un peu seuls et démunis
aussi.
Déjà j’en profite pour affirmer que ce n’est pas être violent que d’aller avec casque masque à gaz et protection en manifestation, c’est la condition de notre survie physique.
Ensuite qu’il nous faudra être plus intelligents que la police, que leur juges, que leur infiltrés, que leur système de contrôle.
Et pour finir que j’aimerai bien qu’on ne laisse pas faire parce que l’on sait, car “qui ça étonne encore”, les violences policières sont entrées dans la réalité et la banalité du politique.
Amal Bentounsi appelait à un mouvement national contre le permis de tuer pour la police, j’appelle à une insurrection internationale contre la police, ce qu’elle nous inflige, contre ce qu’elle défend, contre ceux à qui elle sert.
C’est facile d’écrire mais on ne sait jamais que ça soit lu.
Déjà j’en profite pour affirmer que ce n’est pas être violent que d’aller avec casque masque à gaz et protection en manifestation, c’est la condition de notre survie physique.
Ensuite qu’il nous faudra être plus intelligents que la police, que leur juges, que leur infiltrés, que leur système de contrôle.
Et pour finir que j’aimerai bien qu’on ne laisse pas faire parce que l’on sait, car “qui ça étonne encore”, les violences policières sont entrées dans la réalité et la banalité du politique.
Amal Bentounsi appelait à un mouvement national contre le permis de tuer pour la police, j’appelle à une insurrection internationale contre la police, ce qu’elle nous inflige, contre ce qu’elle défend, contre ceux à qui elle sert.
C’est facile d’écrire mais on ne sait jamais que ça soit lu.
À bientot.