vendredi 27 juillet 2012

JAPON : Vous avez dit : démocratie ?


Signification du mot  "démocratie" :  
Le peuple est souverain pour élire ses représentants à la tête de l'Etat, puis ses représentants font allégeance au pouvoir de la finance, en dépit de la volonté affirmée du peuple.

La lecture de cet article ci-dessous m'a sidérée.  

Et en France, ça se passerait comment ?  
... Ca se passe comment  ?

La santé du peuple à la merci des industriels et des banquiers


 
Je relaie :


Le redémarrage d’Ooi : inexplicable pour de nombreux japonais



Die-In à Tokyo, le 7 juin 2012

Désillusion après l’arrêt complet des réacteurs au Japon en mai 2012

 

Les japonais pouvaient se réjouir : Le 5 mai 2012, le dernier des 54 réacteurs nucléaires japonais encore en activité venait d’être arrêté. Pourtant cette joie devait être de courte durée : Avec l’été qui approche et ses traditionnels pics de consommation lors des journées chaudes, les industries nucléaires japonaises avaient là une excuse toute trouvée pour redémarrer les centrales nucléaires, ce qui a été fait.


Une « trêve nucléaire » de courte durée

 

Le 5 juillet dernier, le Japon remettait en route l’unité numéro 3 de la centrale nucléaire d’Ooi (parfois orthographié « Ohi ») dans le centre ouest du Japon. Cette centrale gérée par la société Kansai Electric Power devrait permettre – selon les autorités japonaises – de faire face aux consommations de ce début d’été. Pourtant cette décision est loin de faire l’unanimité et a suscité des réactions fortes de la part des populations. En réalité, dès le mois de janvier, certains avaient déjà commencé à montrer de la méfiance et à être scandalisé par les propos d’un possible redémarrage « forcé ». (voir la vidéo ci dessous)


Pour en arriver là, le Premier Ministre Noda a convoqué le 7 juin dernier une conférence de presse pour tenter de convaincre les japonais, hostiles à 70% au nucléaire, du bien-fondé du redémarrage des réacteurs 3 et 4 de la centrale d’Ohi.

Devant le refus des japonais, le Premier Ministre a alors décidé de se passer de l’accord des populations, bafouant une fois de plus la démocratie et le droit des peuples à choisir de ce qui est bon pour eux.

noda force le redémarrage de la centrale d'ooi


Le redémarrage d’Ooi est énergétiquement injustifiable : 2% de capacité de production supplémentaire

 

On peut penser que le redémarrage des réacteurs de la centrale d’Ooi répond à une demande importante d’énergie. En réalité, il n’en est rien : Avec 30% d’électricité nucléaire, produite par 54 réacteurs cumulant une puissance totale de 46.8 gigaWatts, il est facile de calculer que le Japon avait – avant Fukushima – une capacité totale de production de 156 GW, réduite à moins de 110GW depuis l’arrêt des centrales nucléaires.

Avec 2.25 GW de puissance cumulée pour les deux réacteurs à plein régime que le réacteur N°4 n’attendra qu’à la fin du mois de juillet, c’est un tout petit bonus d’à peine 2% d’énergie supplémentaire, et surtout, les risques d’un potentiel nouvel accident nucléaire, que le gouvernement impose de force au peuple japonais massivement opposé à cette mesure.

centrale nucléaire d'Ooi


Des tentatives de redémarrage d’Ooi perturbés par divers incidents

 

Le redémarrage de centrales nucléaires est une opération complexe souvent entachée de problèmes, d’erreurs ou d’incidents. La centrale d’Ooi a connu 4 problèmes entre le 19 et le 29 juin 2012. Un de ces problème venait des méduses qui bouchaient l’entrée et la sortie des circuits de refroidissement. Cet incident a retardé de plusieurs jours la montée en puissance du réacteur.

A ce sujet, le gérant de la centrale, Kepco, est reconnu pour ses économies faites sur la maintenance des centrales et sur les retards régulier que subissent les opérations d’entretiens. Il est possible que la centrale d’Ooi ne soit pas mieux entretenue que celle de Fukushima. Il y a soit-disant eu un « stress test » qui n’est en fait que quelques lignes de code tournant sur un ordinateur. Ces dernières simulations sont pourtant les seules « preuves indiscutables » que les centrales non affectées par les séismes et tsunami du 11 mars 2011 seront aptes à résister à des conditions accidentelles similaires. Or, ces simulations sont non seulement « confidentielles » mais n’ont elle-mêmes été ni divulguées ni même discutées.

Une reprise dénoncée démocratiquement

  Des mouvements citoyens fleurissent suite au redémarrage des centrales

 

Très rapidement, les défenses citoyennes face à l’ingérence du gouvernement se mettent en place. Le 11 juin, un communiqué de Green Action protestait en ces termes :

Chers amis,

Le Premier ministre japonais Yoshihiko Noda a annoncé sa décision de redémarrer 2 réacteurs dans la ville d’Ooi, dans la préfecture de Fukui dans l’ouest du Japon. Il a aussi déclaré que « l’énergie nucléaire restera une importante source d’énergie pour le Japon dans le futur« , reconfirmant ainsi la politique pro-nucléaire japonaise.

En dépit de tous nos efforts, en dépit de la forte résistance de la région ouest aux alentours d’Ooi, et en dépit du fait que la majorité des japonais soient désormais contre l’énergie nucléaire, le gouvernement japonais se plie au lobby nucléaire japonais. Nous avons tout essayé mais nous croyons désormais que seule une pression internationale coordonnée sur le gouvernement japonais peut désormais apporter un quelconque changement. Nous pensons que le gouvernement japonais et l’opinion publique sera sensible à la pression internationale. Nous souhaiterions donc votre soutient pour initier et coordonner une manifestation internationale contre le gouvernement japonais.

Nous suggérons spécialement les actions suivantes durant la période allant du 13 au 15 juin 2012 :

- Rassemblement devant les ambassades japonaise de votre capitale pour faire entendre vos voix contre les décisions et la politique du Premier Ministre Noda.

- Tentez de soumettre une lettre de protestation – adressée au Premier Ministre Noda – à l’ambassadeur japonais et réclamez qu’il la lui transmette.

- Tâchez de faire suivre cette action par vos médias locaux et internationaux, spécialement les médias japonais, ainsi que sur internet.

- Tenez-nous informés de la planification de vos actions et nous pourrons organiser une conférence de presse au Japon pour renforcer votre message au gouvernement japonais.

D’autres actions ont eu lieu, principalement à Tokyo. Citons-en quelques unes :

- Le 7 juin 2012, 70 femmes, dont 10 venant de Fukushima, ont fait un « Die-In » en s’allongeant symboliquement devant la résidence du Premier Ministre à Tokyo.

- Le 15 juin 2012, 11000 personnes se massent devant la résidence officielle du Premier Ministre à Tokyo pour protester contre le redémarrage de la centrale d’Ohi.

-Le 30juin/ 1er juillet, une chaîne humaine de 3000 personne barrant la route devant la centrale d’Ooi pour tenter d’empêcher son redémarrage

manifestation contre le redémarrage de la centrale d'ooi Chaîne humaine au pied de la centrale d’Ooi le 1er juillet en image : photographies poignantes de Fumiko Kawazoe ©

manifestation contre le redémarrage de la centrale d'ooiChaîne humaine au pied de la centrale d’Ooi le 1er juillet en image : photographies poignantes de Fumiko Kawazoe ©

manifestation citoyenne des japonais contre le redémarrage d'ooi Chaîne humaine au pied de la centrale d’Ooi le 1er juillet en image : photographies poignantes de Fumiko Kawazoe ©


Les vraies raisons du redémarrage d’Ooi

  La santé du peuple à la merci des industriels et des banquiers

 

Ce sont les groupes industriels privés NEC et Komatsu Ltd qui ont le plus fait pression sur le gouvernement Noda pour relancer la production d’énergie nucléaire japonaise, et ce, malgré les nombreuses démonstrations faites par les japonais.

La pétition à l’ONU restée lettre morte

 

green action japan : to UN "stop promoting nuclear"

Déjà le 30 avril 2012, une pétition adressée à l’ONU demandant une action internationale urgente sur la piscine de désactivation du réacteur N°4 de la centrale de Fukushima Daichii, cosignée par Green Action et 72 associations recevait une réponse très peu encourageante de la part du Secrétaire Général Ban Ki-moon. Voici une traduction de cette lettre :

Au secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon :

Une Requête Urgente vers les Nations Unies pour stabiliser les barres de combustibles usagées du réacteur 4 de Fukushima.

Récemment, d’anciens diplomates et experts venant du Japon ou de pays étrangers se sont inquiétés de la situation, extrêmement risquée, dans laquelle se trouvent les barres de combustibles usagées du réacteur 4 de Fukushima Daichii et dont la situation a largement été rapportée par les médias mondiaux.

Robert Alvarez, chercheur à l’IPS (Institute for Policy Studies) et un des meilleurs experts de ces piscines de stockage estime que sont entreposés ici 10 fois plus de Césium 137 que la quantité émise par l’accident de Tchernobyl. De fait, si un séisme ou un événement quelconque devait vider la piscine, il en résulterait un incendie radioactif qui libérerait alors 10 fois plus de césium que l’accident de Tchernobyl.

La presque totalité des 10.893 barres de combustible sont disposées dans les piscines de stockage de Fukushima Daichii vulnérables aux effets d’un futur séisme. La quantité de matériaux radioactifs à longue période de vie correspond approximativement à 85 fois la quantité libérée lors de l’accident nucléaire de Tchernobyl.

Des experts nucléaires venus du Japon ou des États-Unis tels qu’Arnie Gundersen, Robert Alvarez, Hiroaki Koide, Masashi Goto, et Mitsuhei Murata, ancien ambassadeur du Japon en Suisse, et Akio Matsumura, ancien diplomate des Nations-Unies ont sans arrêt alerté l’opinion sur les risque que représentent ces barres de combustibles usagées de la piscine du réacteur N°4.

Le sénateur américain Ron Wyden, après une visite du site de Fukushima Daichii le 6 avril 2012 et une conférence de presse le 16 avril a pointé du doigt le risque catastrophique que constitue l’unité 4 de la centrale de Fukushima et a appelé à une intervention urgente du gouvernement américain. Le sénateur Wyden a également envoyé une requête à Ichiro Fujisaki, l’ambassadeur du Japon aux États-Unis, demandant au Japon d’accepter une assistance internationale pour faire face à la crise.

Nous, organisations civiles japonaises, exprimons notre profond ressentiment envers notre gouvernement qui n’informe pas ses citoyens au sujet de l’augmentation des risques qui courent autour de la piscine de désactivation de combustible du réacteur 4 de Fukushima Daichii. Compte tenu du fait que la chute de cette piscine pourrait potentiellement conduire à de catastrophiques conséquences avec des implications mondiales, que le rôle du gouvernement japonais en tant que membre responsable de la communauté internationale est d’éviter tout désastre supplémentaire en mobilisant toute la sagesse et les moyens nécessaires pour stabiliser le combustible nucléaire usagé. Il est évident que la question de la piscine de désactivation de l’unité 4 de Fukushima Daichii n’est plus du seul ressort du gouvernement japonais mais bien de celui de la communauté internationale, avec de potentielles conséquences graves.

Il est donc impératif que le gouvernement japonais et la communauté internationale travaillent ensemble sur cette crise avant qu’il ne soit trop tard. Nous en appelons aux Nations Unies pour aider le Japon et la Planète en vue d’éviter les conséquences irréversibles d’une catastrophe qui pourrait affecter les générations à venir. Nous avons fait suivre nous requêtes ci-jointes :

1. Les Nations Unies devraient organiser un Sommet sur la Sécurité Nucléaire pour résoudre le problème crucial que pose l’unité 4 de stockage de combustible nucléaire usagé.

2. Les Nations Unies devraient mettre en place une équipe d’évaluation indépendante à l’unité 4 de Fukushima Daichii et coordonner l’assistance internationale dans le but d’y stabiliser la situation et d’éviter d’éventuelles conséquences radiologiques désastreuses.

onu ban ki moon

Une réponse vide de sens de l’ONU

 

La réponse du secrétaire général est une parfaite application de la langue de bois, parlant tour-à-tour de « réunions exceptionnelles d’experts » , de « rétablir la confiance envers le nucléaire » . Il établi que « le gouvernement et l’industrie nucléaire doivent chapeauter la demande croissante d’une plus grande transparence » … Sans jamais parler du sujet introduit par la pétition, à savoir la piscine de désactivation de l’unité 4 de Fukushima Daichii.

Fidèle à son surnom « d’anguille insaisissable », Il annonce aussi benoîtement que « les centrales nucléaires doivent pouvoir résister aux séismes, tsunamis, incendies, inondations et attentats terroristes », ce qui – on le sait – est loin d’être le cas.

Face à l’inaction des gouvernants, la révolution populaire se met en place : Ajisai Revolution

 

Ces évènements attisent la colère et mettent à mal la confiance et la patience d’une population de plus en plus hostile à son gouvernement et ont amené à des manifestations de plus en plus importantes et mieux organisées qui prennent le nom de révolution des hortensias, sujet qui fera l’objet du prochain dossier de Kibô-Promesse.




ajisai hortensias


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