dimanche 2 mai 2010

La guérilla jardinière attaque Paris




20minutes.fr
01/05/2010


ENVIRONNEMENT - Pour les combattants de la Guérilla gardening, le 1er mai n'est pas seulement le jour du muguet…

Ils sont venus armés de graines, de bêches et d’arrosoirs. La vingtaine de guérilleros réunis en ce 1er mai à Paris partent à l’assaut des bacs de fleurs laissés à l’abandon, des interstices dans les murs, de tous les recoins de terre non entretenus pour y planter des graines. Leur but : embellir les villes en y réintroduisant la nature, mais aussi inciter les gens à se réapproprier leur quartier et montrer qu’il y a encore de la place pour les plantes au milieu du béton.
Bombes et tags au service de la nature


Pour le 1er mai, les guérilleros se rallient à la «Journée Internationale de la Guérilla Tournesol» lancée par un collectif bruxellois, les «Brussels Farmers». Ils partent rateau au poing vers des bacs vides, nettoient les espaces verts, remettent du terreau et plantent les graines que chacun a apportées. Des actions plus musclées sont également au programme, comme le «seed bombing». Noémie, jardinière terroriste de 20 ans, explique la recette de ces bombes: «on mélange de l’argile, du terreau et des graines, puis on jette ces boulettes pour qu’elles se mélangent avec la terre environnante». Les guérilleros marquent leur passage de tags en mousse sur les murs, leur signe de reconnaissance. La mousse vient du bois de Vincennes, la colle a été faite à la maison avec de la bière, de la farine et du yaourt.

Pour Gabeu, 22 ans, étudiant en paysagisme et organisateur des actions parisiennes, «la guérilla gardening n’est pas un concept mais une façon de jardiner. Le jardinage urbain permet de faire passer un message sur la biodiversité en ville». Claire, 25 ans, participe pour la première fois à une action après avoir vu un reportage à la télévision et s’être documentée sur Internet: «Je viens de la campagne et quand je suis arrivée à Paris, j’ai trouvé qu’il n’y avait pas beaucoup de vert et qu’il y avait beaucoup d’endroits laissés à l’abandon». La guérilla gardening s’inscrit pour elle dans une réflexion personnelle sur son mode de vie: «Je ne mène pas d’autres actions écolos, mais à titre individuel je fais attention à ce que je consomme.»

Une autre vision de la ville et de la vie

Car c’est bien une remise en question de notre société qui transparaît derrière les propos des guérilleros. Noémie est entrée dans la guérilla après avoir vu le film de Coline Serreau, Solutions locales pour un désordre global qui lui a «retourné l’estomac». «Nous n’avons que 4 jours de réserve de nourriture à Paris, et avec ce qui s’est passé quand le volcan a empêché les avions de voler, je me suis dit que si ça durait on ne serait même pas capable de nourrir notre famille», explique-t-elle. Pour Aubin, 26 ans, ingénieur dans la construction et l’habitat durable, «C’est à chacun d’agir, et de ne pas se contenter de subir les décisions prises par d’autres. Il faut bouger le cul des gens qui n’ont pas notre sensibilité, les habituer à voir plus de vert pour qu’ils se rendent compte que c’est joli. Il faut aussi redonner des territoires aux insectes qui nous font vivre mais qui disparaissent malgré tous les services qu’ils nous rendent».

Une guérilla populaire

La «guérilla gardening» est née aux Etats-Unis dans les années 1970 de l’action d’une artiste new-yorkaise pour transformer un lotissement abandonné de Manhattan en jardin communautaire. Depuis, le mouvement a essaimé partout dans le monde, et commence à fleurir en France: à Paris, environ 100 personnes suivent les activités du groupe local sur son forum. D’autres groupes, indépendants de toute organisation, se sont constitués à Toulouse, Grenoble, Lille ou Nantes.

Mouvement écolo underground, le succès de la guérilla gardening réside dans son côté convivial et… illégal. Agissant sans autorisation administrative, les guérilleros ne craignent pas la police: «on va pas nous mettre une amende pour avoir planté des fleurs!». Mais le mouvement tend à s’officialiser puisqu’une guérilla potagère est en cours de préparation à Montreuil, où la mairie définira les endroits où les légumes seront plantés.

Les guérilleros repasseront dans quelques semaines voir le résultat de leurs actions et arroser leurs plantations si besoin. En attendant, ils font sourire les touristes de passage et tentent de fédérer les initiatives qui apparaissent un peu partout. Selon une enquête Unep-Ipsos réalisée en 2010, sept Français sur dix estiment qu’il n’y a pas assez de végétal en ville et pour 93.5% d’entre eux le contact avec les plantes, les végétaux et les jardins contribue à leur équilibre quotidien. La guérilla ne fait que commencer…

Audrey Chauvet

Heureux exemples à suivre,
reprenons nos espaces verts abandonnés !

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