dimanche 6 juin 2010

Gaza / blocus


En trois parties, car j'ai trouvé des infos contradictoires au sujet de cette flottille et de l'embargo humanitaire. Allez en fin de post pour la 3ème partie avec une vidéo. Entre les deux, c'est un coup de gueule au sujet des bombes au phosphore blanc.





Photo freegaza.org

Flottille de Gaza : rapides réponses à certains arguments israéliens

Par Julien Salingue
bastamag.net


L’État d’Israël était-il dans son bon droit en prenant d’assaut la « flottille de la liberté » ? Celle-ci était-elle liée au Hamas ? Julien Salingue, enseignant à l’université de Saint-Denis et membre du NPA, répond aux arguments répétés depuis le 31 mai par les représentants israéliens.

Un certain nombre d’arguments visant à justifier l’assaut sanglant contre la flottille sont répétés en boucle depuis le 31 mai. Comme on va le voir, ils ne résistent guère à l’examen :

1) Israël était dans son bon droit en arraisonnant les bateaux, y compris violemment

L’assaut s’est produit dans les eaux internationales. Les eaux territoriales sont limitées à 12 miles nautiques des côtes, limite que les bateaux étaient loin d’avoir atteinte. Qui plus est, la situation ne pouvait en aucun cas justifier l’emploi de la violence armée. L’article 51 de la Charte des Nations unies définit de manière précise le droit à la légitime défense : « Dans le cas où un membre des Nations unies est l’objet d’une agression armée ». Or, il n’y avait aucune menace militaire qui planait sur Israël.

2) Les soldats israéliens ont été agressés et n’avaient pas d’autre choix que de « se défendre »

Effectivement, certaines images montrent que des soldats israéliens ont pris des coups lors de l’assaut. Et alors ? C’est l’armée israélienne qui a attaqué les navires, pas l’inverse. Des commandos armés investissent un bateau par la force, en violation du droit international : n’est-il pas logique que les passagers du bateau, qui sont dans leur bon droit, se défendent ? Pour faire une comparaison, c’est comme si un pirate de l’air auquel l’équipage résisterait physiquement prétendait que c’est l’équipage qui l’a agressé. Qui plus est, comme l’ont fait remarquer nombre de commentateurs israéliens, le choix de faire débarquer de nuit, un par un, 14 membres d’une unité d’élite lourdement armés, ne pouvait que déboucher sur des incidents.


3) Les objectifs de la flottille n’étaient pas humanitaires : certains passagers étaient armés, il aurait pu y avoir des armes à destination de Gaza

Israël n’a pu, à l’heure actuelle, montrer aucune arme à feu. Les seules images que l’on a pu voir, en boucle, ce sont quelques couteaux, des lance-pierres, des bâtons et des objets métalliques (barres, haches) comme on en trouve sur tous les bateaux… On peut facilement faire le pari qu’Israël ne trouvera pas d’armes à feu, à moins d’en déposer : les bateaux ont été fouillés de fond en comble à Chypre, qui n’aurait jamais laissé partir des armes, pour éviter tout incident avec Israël ; les militants de la flottille savaient qu’il était très probable qu’ils soient arraisonnés et n’auraient jamais pris le risque de transporter des armes ; enfin, auraient-ils fait une telle publicité autour de la flottille s’ils avaient voulu livrer clandestinement des armes ?

4) La flottille a des liens avec le Hamas

Évidemment ! La flottille avait prévu de débarquer à Gaza. Or, jusqu’à preuve du contraire, le Hamas est l’organisation politique majoritaire au Parlement palestinien et c’est lui qui administre la Bande de Gaza. Il est logique et conforme au droit international de s’adresser aux autorités locales et de se coordonner avec elles. Et juste une question : avec qui l’État d’Israël discute-t-il pour tout ce qui concerne Gaza, ou encore Gilad Shalit ? La flottille a donc fait comme tous ceux qui se rendent à Gaza ou qui veulent s’y rendre, qu’il s’agisse d’ONG, de représentants de l’ONU ou de parlementaires européens : elle a pris contact avec le Hamas.

5) L’aide humanitaire entre à Gaza par Israël

Israël laisse, depuis quelques semaines, « un peu plus » d’aide humanitaire pénétrer dans la Bande de Gaza. Mais, pour une population de 1,5 million d’habitants, les quantités sont dérisoires ! Le haut-commissaire de l’ONU pour les Droits de l’homme, Navi Pillay, déclarait le 31 mai : « Les augmentations marginales dans le volume des marchandises autorisées à entrer à Gaza sont de loin insuffisantes pour permettre à la population de mener une vie normale et digne. »

Depuis 2007, ce sont 95% des entreprises qui ont fermé et 98% des emplois du secteur privé qui ont été détruits. Les centrales électriques fonctionnent par intermittence. Les restrictions drastiques sur les importations de ciment et de nombreux produits chimiques empêchent la reconstruction des infrastructures détruites lors des bombardements, qu’il s’agisse des maisons ou des stations de traitement des eaux usées, avec les conséquences sanitaires que l’on imagine.


Les derniers chiffres de l’ONU indiquent que 70% des Gazaouis vivent avec moins d’un dollar par jour, que 80% de la population dépend des aides alimentaires internationales, ou encore que plus de 60% des habitants de Gaza n’ont pas accès à l’eau courante. Israël prétend que les produits humanitaires peuvent pénétrer à Gaza, mais a interdit tous ceux qui peuvent être « détournés à d’autres fins »… Selon diverses estimations, 80% de l’économie de Gaza dépend des tunnels souterrains qui relient l’Égypte et la Bande de Gaza, dans lesquels au moins 150 Palestiniens sont morts depuis 2007.


Conclusion : Israël n’avait pas le droit d’intervenir là où il l’a fait, rien ne pouvait justifier une telle violence, les passagers n’ont fait que se défendre avec des armes de fortune. La flottille entendait transporter de l’aide pour une population qui en a besoin et briser symboliquement un blocus illégal et criminel, dénoncé par nombre d’ONG et d’agences de l’ONU. Pour mettre toutes les chances de son côté, elle a voulu agir en toute transparence, n’avait aucune intention belliqueuse et s’est logiquement coordonnée avec les autorités palestiniennes locales.

Julien Salingue est doctorant en Sciences Politiques, enseignant à l’Université Paris 8 (Saint-Denis), et membre du NPA.

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Un autre article du même site datant de l'an passé, parle de ces bombardements au phosphore blanc, et je veux vous le relayer. Impossible de se taire ! Surtout que ces bombes ont été utilisées au VietNam par le passé et qu'on en connaît très bien les effets dévastateurs.


Gaza : pourquoi l’usage de bombes au phosphore blanc est un crime de guerre

Par Eros Sana
bastamag.net


Au cours de son attaque contre Gaza, l’armée israélienne a fait usage de munitions au phosphore blanc. Cette arme avait été utilisée par les Etats-Unis au Vietnam, par l’armée russe contre les Tchétchènes… ou par le dictateur Saddam Hussein contre les Kurdes irakiens. Malgré des dommages contre les populations similaires à ceux d’armes chimiques, le phosphore blanc est encore considéré par le droit international comme une « arme incendiaire » classique. En théorie.


Les médias internationaux ont mis un certain temps pour témoigner de ce qu’un œil relativement concerné par les questions militaires a discerné dès le début des bombardements. Les avions de chasse, les hélicoptères et autres vecteurs vendus par les Etats-Unis et employés par Tsahal ont utilisé des munitions avec du phosphore blanc. Blindés et artilleurs ont suivi lors de l’attaque terrestre, infligeant aux populations de la bande de Gaza, l’une des zones les plus densément peuplée du monde, un déluge de matières hyper actives qui s’oxydent et s’enflamment au contact de l’air en dégageant une forte odeur d’ail.

L’usage de ce type d’arme est dévastateur. Les particules incandescentes de phosphore blanc – encore « affectueusement » appelé Willy Pete [1] par les soldats britanniques lors de la seconde guerre mondiale et US au Viêt-Nam – pénètrent profondément dans la peau, jusqu’à faire fondre l’épiderme, les chairs et les os. Le phosphore blanc cause des brûlures chimiques multiples qui peuvent continuer à brûler dans le corps, même en l’absence d’oxygène extérieur. « Généralement, lorsqu’un patient présente une brûlure, on sait la soigner, et surtout il n’y a pas de détérioration, raconte le docteur Nafez Abou Shaaban, chef du service des brûlés à l’hôpital Shifa. Là, non seulement c’était impossible, mais en plus la plaie s’élargissait de plus en plus et, après quelques heures, de la fumée blanche s’en échappait. La seule solution que nous avions, était d’amener le plus rapidement possible le patient en salle d’opération » [2]. Ces brûlures sont souvent au deuxième et troisième degré.

« De la fumée sortait de son corps »

Ce qu’il y a d’encore plus sournois avec ces armes, c’est que les particules de phosphore blanc se fixent sur les habits en gardant leurs capacités de destruction. Ainsi quant une première victime est touchée, il est commun que ses proches se trouvent à leur tour brûlés en tentant de lui venir en aide et en saisissant ou touchant simplement ses vêtements [3].

Au regard de ce descriptif clinique, les populations palestiniennes ont vécu le calvaire des bombardements auquel s’est ajouté le drame du phosphore blanc : des femmes, des enfants et des dizaines d’autres civils qui brûlent sans que leurs proches puissent efficacement leur porter secours, car il est rare que ces populations soient au fait des caractéristiques de cette arme.

Pourquoi Israël a donc utilisé ces armes ? Pour quel avantage opérationnel ? Et ce, au mépris du droit international humanitaire ? Un expert militaire israélien avance l’argument le plus souvent utilisé par les états-majors US, britannique et israélien – coutumiers du recours au phosphore blanc : « Ces explosions sont d’aspect extraordinaire, et elles produisent énormément de poussière qui aveugle l’ennemi en vue de permettre à nos forces d’avancer » [4].

« Secouer et faire cuire »

L’autre argument qu’avancent très régulièrement les militaires est celui d’éclairer les positions adverses pour mieux les atteindre. Dans l’obscurité, en explosant, les munitions de phosphore blanc dégagent une intense lumière blanche. Cet avantage opérationnel est à pondérer, voire à contester. Il existe d’autres types d’armes qui permettent soit d’éclairer ou d’assombrir des positions sans de telles conséquences sur les populations civiles. De plus, aujourd’hui toutes forces armées modernes disposent de très nombreux dispositifs de vision nocturne (infrarouge, amplificateur de lumière…). Surtout, comment un avantage opérationnel peut-il justifier l’usage de telles armes dans des zones aussi densément peuplées ? D’autant plus que le droit international humanitaire impose de proportionner l’usage d’armes ou de techniques de guerre en fonction des buts à atteindre et des risques qu’elles font courir aux populations civiles.

L’intérêt tactique réel est à chercher ailleurs, dans les commentaires qui ont suivi l’attaque et le massacre de Falloujah par la 1ère force expéditionnaire des marines US, du 8 au 20 novembre 2004 dans le très « réputé » magazine Field Artillery : « Le phosphore blanc s’est révélé être des munitions efficaces et polyvalentes. Nous l’avons utilisé (…) plus tard durant les combats, comme une puissante arme psychologique contre les insurgés dans les lignes de tranchée et les tunnels lorsque nous ne pouvions pas agir avec des munitions explosives. C’était des missions “Secouer et faire cuire” [5] contre les insurgés, avec usage de phosphore blanc pour les débusquer et des munitions explosives pour les éliminer. » [6]. Ceci nous indique trois choses essentielles.

Ce que recherchent les armées US et israéliennes sont les effets particulier du phosphore blanc : sa grande capacité de destruction matérielle et, surtout, ses effets psychologiques considérables sur les populations civiles comme sur les forces combattantes. Il convient de terroriser l’ennemi, qu’il s’agisse des forces combattantes comme des populations civiles sensées les soutenir explicitement ou implicitement. C’est la continuité d’une doctrine militaire US – adoptée par les forces armées israélienne – plus générale : Shock and awe, littéralement choc et effroi [7].

Grozny, Falloujah, Beyrouth, Gaza…

L’attaque israélienne sur Gaza a ainsi fait réagir le général italien Fabio Mini, ancien chef d’état-major de l’Otan pour les pays du sud de la Méditerranée et commandant des forces du maintien de la paix au Kosovo : « En Tchétchénie, en Afghanistan, au Liban et tout récemment à Gaza, la stratégie délibérée de frapper les civils pour affaiblir le soutien de la population aux insurgés, aux rebelles et auxdits terroristes est une autre régression, qui nous ramène aux guerres contre-révolutionnaires – qui, du reste, ont toujours abouti à la victoire des rebelles – et aux exactions du temps des occupations coloniales. Le recours à la propagande pour justifier et dissimuler ces régressions a des airs de déjà-vu. Les noms et les méthodes ont changé mais les effets sont toujours les mêmes. La guerre psychologique visant à démontrer que les civils ne font pas partie de nos objectifs mais sont les victimes de l’adversaire qui s’en sert comme boucliers n’a pas changé depuis des millénaires, et c’est pourquoi l’ennemi a toujours été un scélérat. » [8]

Cela n’est en rien nouveau. Les forces armées coloniales reproduisent les mêmes méthodes opérationnelles, issues des mêmes doctrines tactiques. C’est aussi vieux que la guerre elle-même. Ce qui a marché pour écraser la résistance des peuples ici sera reproduit là. Les méthodes contre-insurrectionnelles mises en oeuvre par l’armée française en Indochine et en Algérie sont encore enseignées dans les écoles de guerre de par le monde [9]. L’armée US s’en inspire encore largement. Il en est de même pour les méthodes mises en oeuvre par l’armée coloniale britannique en Malaisie, mais aussi pour celles expérimentées par l’armée russe contre les tchétchènes [10] et celles développées par l’armée israélienne contre la résistance palestinienne et libanaise. Les Etats-Unis ont ainsi répliqué sur les terrains irakien comme afghan les doctrines et méthodes de Tsahal, qui à son tour utilise ces méthodes US « mises à jour » dans les territoires occupés et au Liban [11]. La boucle est bouclée.

80% des victimes de guerre sont des civils

Saddam Hussein utilisa lui aussi des bombes à phosphore blanc contre son propre peuple (plus particulièrement les kurdes) aux plus sombres heures de son règne. Bégaiement de l’histoire au détriment du peuple irakien : les troupes US firent de même durant leur occupation de l’Irak. Utilisant contre le peuple qu’elles étaient sensées libérer les mêmes armes que le dictateur qui l’opprimait. En décembre 1994, en Tchétchénie, durant les combats dans Grozny, les mortiers des forces russes firent fondre sur cette ville martyre un déluge de feu de phosphore blanc et rouge. Quant à Israël, l’état Hébreux n’en est pas à son premier usage de cette terrible arme. Tsahal fit à deux reprises usage de phosphore blanc au Liban : durant le siège de Beyrouth en 1982 et lors de son agression de 2006. Et aujourd’hui Gaza. L’impérialisme souffre de mimétisme militaire et politique.

Le dernier enseignement lié à l’emploi de minutions au phosphore se situe à un échelon global et concerne l’évolution générale des conflits « modernes ». Cette évolution s’inscrit dans le cadre de l’explosion de ce que l’on qualifie (excessivement) de conflits asymétriques. Malgré ce que tente de nous faire croire la propagande militaire, vantant ses armes de haute précision chirurgicale, les nouvelles guerres sont effroyablement meurtrières… pour les civils.

C’est ainsi qu’en 1999, dans son livre New & Old wars, Mary Kaldor, directrice du Centre for the Study of Global Governance (London School of Economics and Political Science), avançait déjà : « Essentiellement, ce qui était considéré comme des effets collatéraux indésirables et illégitimes des anciennes guerres sont devenus le principal mode de combat des nouvelles guerres. (…). Le modèle de violence des nouveaux types de guerre est confirmé par les statistiques des nouvelles guerres. La tendance à éviter les confrontations et à diriger la majeure partie de la violence contre les civils est démontrée par la croissance dramatique du ratio de civils dans les victimes militaires. Au commencement du 20ème siècle, 85-90% des victimes de guerre étaient des militaires. Durant la Seconde guerre mondiale, près de la moitié des morts étaient des civils. A la fin des années 1990, les proportions d’il y a cent ans se sont presque exactement inversées, et de nos jours près de 80% de toutes les victimes de guerre sont des civils. »

Une analyse partagée par le général italien Fabio Mini : « La réalité, c’est que les victimes civiles, au mépris de toutes les règles du droit international, des codes militaires et des usages de la guerre, sont redevenues le véritable objectif des guerres. On est revenu à la destruction "structurelle" de la Seconde guerre mondiale, avec ses tapis de bombes, et du Vietnam avec le napalm. »

Une arme chimique ou « seulement » incendiaire ?

Que dit le droit international et que peut-il nous permettre de faire face à des tels actes ? Le droit en la matière est principalement régi par la Convention sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques « qui peuvent être considérées comme produisant des effets traumatiques excessifs ou comme frappant sans discrimination », signée le 10 octobre 1980 et entrée en vigueur le 2 décembre 1983. A cette convention est adossé le Protocole III sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi des « arme incendiaire », qui détermine le régime du droit en matière d’utilisation de phosphore blanc. Et bien, le droit, comme il est coutume dans ce genre de situation, porte à controverse.

Tout d’abord, il est difficilement concevable que le droit international qualifie les armes au phosphore blanc d’armes incendiaires et non d’armes chimiques, l’utilisation des premières jouissant d’un régime juridique moins strict que les secondes. Lorsque l’on constate les effets décrits plus haut, il est difficilement concevable de considérer ces armes comme n’appartenant pas à la catégorie des armes chimiques. D’autant plus que la définition de ce qu’est une arme chimique selon la Convention sur l’Interdiction des Armes Chimiques (CIAC), du 13 janvier 1993, correspond parfaitement aux armes au phosphore blanc [12]. C’est bien dans ce sens que les Etats-Unis – ainsi que d’autres pays européens – ont condamné l’emploi par Saddam Hussein d’ « armes chimiques » contre son peuple, en parlant de phosphore blanc [13].

Autres éléments objectifs, Israël – à l’instar des Etats-Unis – n’a pas signé le Protocole III. Mais même cette convention présente des dispositions trop restrictives. Elle interdit l’utilisation des armes incendiaires contre des civils ou contre des cibles militaires situées à l’intérieur de concentrations civiles. Restriction importante, le texte ne couvre que les armes utilisées intentionnellement pour incendier une cible mais pas celles qui les enflamment de manière collatérale. Ainsi, aux termes du Protocole, les dispositifs utilisant du phosphore blanc pour ses propriétés fumigènes ou éclairantes peuvent être utilisées.

Tsahal s’est engouffrée dans cette brèche du droit international humanitaire. Ainsi l’armée israélienne assure que l’utilisation de ses armes « s’exerce dans le cadre des frontières légales du droit international ». Et Mark Regev, porte-parole du Premier ministre Ehud Olmert, de préciser à l’AFP : « Ces munitions utilisées par Israël sont similaires si ce n’est identiques à celles utilisées par toutes les démocraties occidentales, y compris les états membres de l’OTAN ». Nous tombons ici dans la subjectivité de l’interprétation du droit international. Il est établi que les munitions au phosphore blanc ont été utilisées dans une zone extrêmement densifiée ; il est également établi que, à maintes reprises, l’armée israélienne a volontairement visé des bâtiments civils (écoles, hôpitaux, habitations…) sous prétexte que des tirs ennemis émanaient de leur immédiate proximité. Comment peut-on alors considérer que Tsahal n’a pas intentionnellement utilisé ces armes ?

L’organisation humanitaire Human Rights Watch estime de son côté que le droit international coutumier, au sens défini par la Cour international de Justice [14], interdit bel et bien l’utilisation des armes au phosphore blanc dans un endroit aussi densément peuplé que la bande de Gaza.

Israël et ses soldats sont confrontés à des demandes de poursuites pour crimes de guerres qui émanent d’individus ou d’organisations non gouvernementales. Il paraît évident que l’usage intentionnel, disproportionné et inconsidéré du phosphore blanc contre des populations civiles de Gaza relève de cette qualification juridique. Il revient désormais aux Etats et autres organisations internationales, ainsi qu’aux instances judiciaires internationales de relever deux défis majeurs : faire évoluer le droit international humanitaire au moins aussi vite qu’évoluent les doctrines et pratiques militaires et, traiter l’Etat d’Israël comme tout autre état dans le monde.

Eros Sana, juriste et porte-parole de la Zone d’Ecologie Populaire (ZEP).


Notes

[1] En anglais phosphore blanc se dit white phosphorus : WP.

[2] Le phosphore blanc brûle toujours, à l’hôpital de Gaza, article de Pierre Barbancey pour L’Humanité

[3] Le phosphore blanc brûle toujours, à l’hôpital de Gaza, op. cit. : « Lorsqu’au petit matin Salah apprend par des voisins que Mahmoud [touché par du phosphore blanc] est étendu dans un terrain vague, qu’il est peut-être mort. “Ses habits étaient brûlés, se souvient le père. Quand j’ai nettoyé son visage qui était noirci, j’ai aussi été brûlé”, dit-il en montrant ses doigts couverts de plaies. “Il avait de petites brûlures qui se sont agrandies. On voyait l’os. De la fumée sortait de son corps”.

[4] Israel rains fire on Gaza with phosphorus shells, article du 5 janvier 2008 de Sheera Frenkel in Jerusalem and Michael Evans pour The Times.

[5] « Shake and Bake » en anglais.

[6] Pour télécharger l’article cité : ici.

[7] Shock and awe est une doctrine militaire US née dans un contexte post-guerre froide et première guerre du Golf. Elle a été élaborée par Harlan K. Ullman et James P. Wade au sein de la National Defense University. Elle est fondée sur l’usage d’une puissance de feu écrasante, une maîtrise de l’information et des manœuvres sur le champ de bataille et un spectaculaire déploiement de force pour paralyser la perception du champ de bataille de l’adversaire et de détruire sa volonté de combattre.

[8] Une régression humaine et stratégique, Fabio Mini, La Reppublica, article retranscrit in Courrier international n°952, du 29 janvier au 4 février 2009.

[9] A titre d’exemple, La Guerre moderne du Colonel Roger Trinquier a été abondamment utilisé à Fort Benning comme au sein de la sinistre Ecole Militaire des Amériques.

[10] Changing Russian urban tactics : the aftermath of the battle for Grozny, Mr. Lester W. Grau, INSS Strategic Forum, n°38, Juillet 1995

[11] Lire à ce sujet The New Walls of Baghdad, How the U.S. is Reproducing Israel’s Flawed Occupation Strategies in Iraq, article de Steve Niva et The Israelisation of America’s war, article de Marwan Bishara pour Al-Ahram

[12] Lire l’Article II, Définitions et critères aux fins de la présente Convention.

[13] US intelligence classified white phosphorus as ’chemical weapon’, article du 23 novembre 2005 de Peter Popham and Anne Penketh pour The Independent

[14] « Le Statut de la Cour internationale de justice décrit le droit international coutumier comme « preuve d’une pratique générale, acceptée comme étant le droit 5 ». Il est généralement admis que l’existence d’une règle de droit international coutumier exige deux éléments, à savoir d’une part la pratique des États (usus) et d’autre part la conviction des États que cette pratique est requise, prohibée ou autorisée – selon la nature de la règle – en raison d’une règle de droit (opinio juris sive necessitatis). (Revue internationale de la Croix-Rouge, CICR, Genève, 8 p).


Je vous laisse aller voir les photos sur le site : http://www.bastamag.net/article467.html

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Et maintenant, qui croire au sujet de l'embargo ?

Je vous poste une vidéo :



http://www.drzz.info/article-gaza-pour-un-blocus-c-est-un-blocus-51188279.html

Il y aurait eu une erreur dans les chiffres que propose ce site où la vidéo a été trouvée ?

Il faudrait être sur place pour savoir exactement ce qu'il s'y passe. Info, Intox, Désinfo, comment s'y retrouver ?

Ce qui est certain c'est que des civils meurent par armes de guerre. Et cela est inadmissible. De quelque bord qu'ils soient.

Votre araignée marrante veut que tout le monde puisse vivre sur cette terre qui n'en peut plus de tout ce sang versé, de toute cette haine déversée. La PAIX est-elle si difficile à trouver dans nos cœurs ? Caïn tua Abel son frère, et ça continue, car le problème va au-delà de ce conflit.

Carton rouge pour tous ceux qui cherchent la guerre et la disparition de certains peuples à travers le monde.

2 commentaires:

l'araignée marrante a dit…

Difficile de savoir où se cache la vérité, tant l'homme est menteur.

Voici un lien qui explique des choses :


http://eli-d-ashdod.over-blog.com/article-israel-au-moyen-orient-etat-des-lieux---defis-et-atouts-par-albert-soued-ecrivain-et-analyste--www-nuitdorient-com-51832655.html

? ?

l'araignée marrante a dit…

Cadre juridique : La flottille de Gaza et le blocus maritime de Gaza.

http://www.theisraelproject.org/site/apps/nlnet/content2.aspx?c=hsJPK0PIJpH&b=3942073&ct=8419519


J'espère arrêter mes interventions à ce sujet car je n'aime pas les guerres et ceux qui les fomentent. Quels qu'ils soient. Les peuples souffrent. Il y a mieux à faire.

Combattons les fabricants d'armes et ceux qui s'enrichissent des guerres.

Paix et Lumière !