samedi 12 juin 2010

Le colonel Blériot sanctionné


Coup de tonnerre dans le monde judiciaire


lefigaro.fr

Un colonel refuse
que ses gendarmes rejouent le crime

La cour d'appel de Reims décide ce jeudi (jeudi 10 juin 2010) d'une éventuelle sanction contre le militaire qui n'accepte pas de prêter ses hommes pour une reconstitution.

L'affaire, ahurissante, mobilise toute la chaîne de la gendarmerie jusqu'au sommet de sa hiérarchie. Au cœur de la polémique, Nicolas Blériot, colonel de gendarmerie, menacé d'une sanction pour avoir refusé que ses hommes jouent les acteurs d'un crime au cours d'une reconstitution.

Officier exemplaire diplômé de l'école spéciale militaire de Saint-Cyr Coëtquidan, cet ancien légionnaire ayant servi en Arabie saoudite, en Irak et au Koweït durant la première guerre du Golfe ainsi qu'au Cambodge à la tête d'une équipe de déminage rejoint la gendarmerie dans les années 1990, et part notamment au Kosovo et en Côte d'Ivoire. En août 2009, sa carrière irréprochable le mène à commander le groupement de gendarmerie des Ardennes. Jusqu'alors, le colonel Blériot ne s'est distingué que par ses faits d'armes émaillés de décorations.

Un premier «incident» intervient le 12 février dernier quand une juge d'instruction du tribunal de Charleville-Mézières lui demande de fournir, le temps d'une reconstitution, une «gendarmette» et un gendarme afin de jouer les rôles de victime et auteur d'une agression sexuelle. Considérant le «caractère inhabituel» de cette requête considérée par sa hiérarchie comme «une tâche non conforme à ce qui peut être normalement et humainement demandé à un militaire de la gendarmerie», l'officier expose ses réticences à la magistrate avant de trouver «en bonne intelligence» une troupe de théâtre amateur pour interpréter la scène scabreuse.

Le «patron» des gendarmes ardennais pensait en avoir fini avec ce type de sollicitations. Mais le 23 avril dernier, une juge d'instruction de Reims lui demande, pour les besoins de la reconstitution du double meurtre d'une fillette et de sa mère aux Ayvelles, près de Charleville-Mézières, de désigner une femme gendarme pour interpréter le rôle de la «victime femme» massacrée d'une vingtaine de coups de sabre. Précision : le «plastron» qu'exige la juge doit mesurer impérativement «1,61 mètre pour un poids de 75 kg». Un second gendarme est requis pour incarner, le cas échéant, le meurtrier présumé.

Par écrit, le colonel expose une nouvelle fois ses «réticences» à fournir des militaires «pour parodier une scène à ce point intense sur le plan dramatique». «Il me paraît relever de mon devoir fondamental de chef de les préserver autant que se peut des situations stressantes que le service ne leur impose pas», considère le colonel Blériot dans un mémoire adressé aux présidents et conseillers de la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Reims et porté à la connaissance du «Figaro». Revendiquant la possibilité «de faire des choix et d'établir des priorités, dans des temps où les finances et les personnels se font rares», il a donc suggéré à la magistrate la solution des «acteurs amateurs». Cette dernière a préféré faire appel au personnel du greffe pour rejouer la scène de crime, bien qu'une «volontaire» de la gendarmerie ait finalement été mobilisée le jour J.


«Mon client n'a jamais tenté de se soustraire aux obligations du code de procédure pénale et a toujours fait exécuter les commissions rogatoires qui lui ont été délivrées, tonne Ahmed Harir, conseil du colonel Blériot. Il est scandaleux de faire comparaître un officier de gendarmerie comme un vulgaire voyou de droit commun…» Bien que s'étant entouré de l'avis de ses supérieurs, le commandant de groupement, entendu par la cour d'appel le 3 juin dernier, est fixé sur son sort ce jeudi. Il peut encourir une interdiction temporaire ou définitive de son habilitation d'officier de police judiciaire. Un courrier d'appui au colonel Blériot émanant du directeur général de la gendarmerie, Jacques Mignaux, a été adressé de la Chancellerie.


Jeudi soir, nous apprenions qu'en effet, La Chambre d'instruction de la Cour d'Appel de Reims s'est prononcée jeudi en fin d'après-midi et a confirmé la peine encourue : le colonel Nicolas Blériot, patron des gendarmes des Ardennes, se voit privé de son habilitation en tant qu'officier de police judiciaire, et ce pour une période d'un an, et qui vaut dans tout le ressort de la cour d'appel de Reims, autrement dit la Marne les Ardennes et l'Aube.

Le Parquet de Reims a déclaré vouloir se pourvoir en cassation estimant que le colonel Blériot a fait l'objet d'une "sanction disproportionnée par apport aux manquements qui ont été commis".


Quand les Magistrats se trompent de cible ...

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